Interview du Directeur Général Adjoint de l’ARSEL sur l’intelligence artificielle dans le secteur de l’électricité.

            L’Intelligence Artificielle (IA) est au centre de l’actualité mondiale. Cette avancée technologique dont l’objectif central est de permettre à des ordinateurs de penser et d'agir comme des êtres humains, nous amène à porter notre réflexion sur l’impact d’une pareille innovation dans un secteur comme celui de l’électricité.

Le Directeur Général Adjoint de l’Agence de Régulation du Secteur de l’Electricité (ARSEL), M. DEMENOU TAPAMO Honoré, s’est exprimé à ce sujet lors d’une interview menée par la Direction de la Communication de l’Agence.

Pouvez-vous expliquer brièvement ce que c’est l’intelligence artificielle ?

L’intelligence artificielle (IA) est une branche de l’informatique qui vise à réaliser des machines capables de simuler l’intelligence humaine. Elle repose sur des formules et des algorithmes qui imitent les fonctions des neurones humains et qui permettent aux machines de percevoir, de raisonner, de planifier, de créer et d’agir pour atteindre un but. L’intelligence artificielle utilise des techniques comme l’apprentissage automatique et l’apprentissage en profondeur pour résoudre des problèmes liés au comportement humain et aux besoins humains.

L’intelligence artificielle peut être appliquée à de nombreux domaines comme la vision artificielle, la reconnaissance vocale, la traduction automatique, les jeux, la médecine, la robotique, etc. Elle peut aussi aider à la prise de décisions, à l’optimisation, à la créativité et à l’innovation.

Quelles sont les bénéfices que le secteur de l’électricité peut tirer de l’intelligence artificielle ?

L’intelligence artificielle peut apporter de nombreux bénéfices au secteur de l’électricité, notamment en termes d’optimisation, de fiabilité, de transition énergétique et de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Voici quelques exemples d’applications concrètes de l’IA dans ce domaine :

  • L’IA peut aider à faire des prévisions énergétiques fiables en quelques secondes, en exploitant la puissance des données et des algorithmes pour analyser les besoins et les sources d’énergie disponibles. Cela permet aux producteurs, aux fournisseurs et aux consommateurs d’adapter leur production, leur distribution et leur consommation en fonction des conditions météorologiques, du prix de l’électricité, de la demande, etc.
  • L’IA peut également contribuer à la gestion intelligente des réseaux électriques, en assurant une meilleure régulation, une meilleure sécurité et une meilleure qualité du service. L’IA peut détecter les anomalies, les pannes ou les fraudes sur le réseau et déclencher des actions correctives ou préventives. Elle peut aussi optimiser l’intégration des énergies renouvelables et la gestion de la demande.
  • L’IA peut favoriser la transition vers les énergies renouvelables et la décarbonation du secteur électrique, en facilitant le développement et l’exploitation des sources d’énergie propres et durables. A titre d’illustration, l’IA peut aider à dimensionner et à optimiser les installations géothermiques, solaires ou éoliennes. Elle peut aussi aider à mesurer et à réduire les émissions de CO2 et de méthane liées à la production d’électricité.
  • L’IA peut améliorer le parcours client et la satisfaction client dans le secteur de l’électricité, en proposant des services personnalisés, innovants et adaptés aux besoins et aux attentes des consommateurs. L’IA peut, par exemple aider à proposer des offres tarifaires sur mesure, à réaliser des diagnostics énergétiques, à conseiller des solutions d’économie d’énergie ou à faciliter la relation client.

 

Comment l’intelligence artificielle peut-elle concourir à la régulation du secteur de l’électricité ?

L’intelligence artificielle peut concourir à la régulation du secteur de l’électricité en offrant des solutions pour adapter l’offre et la demande, assurer la sécurité et la qualité du service, favoriser la transition énergétique et améliorer la satisfaction client.

Dans ce domaine, l’intelligence artificielle peut aider à :

  • Faire des prévisions énergétiques fiables en quelques secondes , en exploitant la puissance des données et des algorithmes pour analyser les besoins et les sources d’énergie disponibles ;
  • Gérer de manière intelligente les réseaux électriques, en détectant les anomalies, les pannes ou les fraudes sur le réseau et en déclenchant des actions correctives ou préventives ;
  • Intégrer les énergies renouvelables et réduire les émissions de gaz à effet de serre, en facilitant le développement et l’exploitation des sources d’énergies propres et durables ;
  • Proposer des services personnalisés, innovants et adaptés aux besoins et aux attentes des consommateurs.

L’intelligence artificielle peut donc être un levier essentiel pour le secteur de l’électricité, à condition qu’elle soit utilisée de manière éthique, responsable et transparente. Elle doit également respecter les règles de concurrence, de protection des données et de sécurité.

La régulation du secteur de l’électricité comprend le contrôle technique, l’établissement des tarifs, le contrôle de l’application des dispositions légales, réglementaires et contractuelles. Comment l’intelligence artificielle peut permettre d’améliorer une telle activité ?

L’intelligence artificielle peut permettre d’améliorer l’activité de régulation du secteur de l’électricité en offrant des solutions pour :

  • Contrôler le respect des dispositions légales, réglementaires et contractuelles en utilisant des algorithmes capables de détecter les anomalies, les fraudes, les risques ou les opportunités sur le marché de l’électricité. Par exemple, l’IA peut aider à vérifier la conformité des acteurs du secteur aux normes environnementales, sociales ou de sécurité ;
  • Établir des tarifs équitables et incitatifs en utilisant des modèles prédictifs et des analyses de données pour estimer la demander, l’offre, les coûts et les bénéfices de l’électricité. Par exemple, l’IA peut aider à proposer des tarifs dynamiques, différenciés ou personnalisé en fonction des besoins et des comportements des consommateurs ;
  • Contrôler le fonctionnement technique du système électrique en utilisant des capteurs intelligents, des systèmes de communication et des systèmes d’information pour surveiller, piloter et optimiser le réseau électrique. Par exemple, l’IA peut aider à gérer la stabilité, la qualité et la sécurité du réseau, à intégrer les énergies renouvelables et à réduire les pertes d’énergie.

 

Y’a-til des risques liés à l’utilisation de l’intelligence artificielles dans le secteur de l’électricité, comme la sécurité, le vol des données, des interventions non désirées, etc ?

Oui, il y a des risques liés à l’utilisation de l’intelligence artificielle dans le secteur de l’électricité, comme dans tout domaine où l’IA est impliquée. Ces risques peuvent concerner la sécurité, le vol des données, les interventions non désirées, mais aussi les impacts sociaux, éthiques et environnementaux de l’IA. Voici quelques exemples de ces risques :

  • La sécurité : l’IA peut être vulnérable aux cyberattaques, aux erreurs humaines ou aux défaillances techniques qui peuvent compromettre le bon fonctionnement du système électrique, entraîner des coupures de courant, des dommages matériels ou des pertes humaines. Par exemple, en 2015, une cyberattaque a causé une panne de courant qui a affecté plus de 200 000 personnes en Ukraine ;
  • Le vol vol des données : l’IA repose sur le traitement de grandes quantités de donnée qui peuvent être sensibles, personnelles ou confidentielles et qui peuvent être détournées ; volées ou utilisées à des fins malveillantes. Par exemple, les données relatives à la consommation d’électricité peuvent révéler des informations sur le mode de vie, les habitudes ou les préférences des consommateurs ;
  • Les interventions non désirées : l’IA peut agir de manière autonome ou imprévisible et prendre des décisions qui ne sont pas conformes aux attentes, aux intérêts ou aux valeurs des humains. Par exemple, l’IA peut modifier les tarifs, les contrats ou les services sans le consentement des consommateurs ou des fournisseurs ;
  • Les impacts sociaux, éthiques et environnementaux : l’IA peut avoir des conséquences négatives sur la société, la démocratie, la justice, la diversité, la responsabilité ou l’environnement. Par exemple, l’IA peut créer des inégalités, des discriminations, des biais, des dépendances ou des externalités négatives.

Pour prévenir et réduire ces risques, il est nécessaire de mettre en place un cadre réglementaire et éthique qui garantisse le respect des droits fondamentaux, des principes démocratiques et du bien commun. Il faut également promouvoir une IA responsable, transparente et inclusive qui soit au service de l’humain et de la planète.

Comment l’ARSEL peut-elle intégrer l’intelligence artificielle dans ses processus métiers ?

Pour intégrer l’intelligence artificielle dans les processus métiers de l’ARSEL, il faut suivre quelques étapes clés :

  • Identifier les besoins et les opportunités : il s’agit de définir les objectifs, les enjeux et les bénéfices attendus de l’utilisation de de l’IA dans les processus métiers. Il faut également analyser l’existant, les contraintes et les risques liés à l’IA ;
  • Choisir les solutions adaptées : il s’agit non seulement de sélectionner les technologies, les méthodes et les outils d’IA qui répondent aux besoins et aux opportunités identifiés. Mais aussi d’évaluer la faisabilité, la performance et le coût des solutions envisagées ;
  • Déployer et intégrer les solutions : il s’agit de mettre en œuvre les solutions d’IA dans les processus métiers, en respectant les normes, les règles et les bonnes pratiques. Il faut également assurer la comptabilité, l’interopérabilité et la sécurité des solutions avec le systèmes d’information existant ;
  • Former et accompagner les utilisateurs : il s’agit de sensibiliser, d’informer et de former les utilisateurs aux solutions d’IA, en leur expliquant le fonctionnement, les avantages et les limites de l’IA. Il faut également les accompagner dans le changement, en leur fournissant un support technique et humain ;
  • Suivre et évaluer les résultats : il s’agit de mesurer l’impact, la valeur ajoutée et le retour sur investissement des solutions d’IA dans les processus métiers. Il faut également contrôler la qualité, la fiabilité et l’éthique des solutions, en tenant compte des retours des utilisateurs.

 

                                                                                                                             Propos recueillis par Kéza TOWA

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